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ERRARE HUMANUM EST, PERSEVERARE DIABOLICUM
Je me suis trompé, tout est faux, enfin l’origine des choses et je vous ai écrit des bêtises. Je vous demande de bien vouloir m’en excuser. Non, je ne pense pas que la prospective soit soudain devenu une science exacte, que les lignes convergent vers une fuyante sans retour, que notre compréhension des mécanismes de la dégradation des éco-systèmes soit parfaite, que la résorption des inégalités soit une utopie. En clair, il ne fait toujours pas de doute que la responsabilité du milliard et demi d’affamés et du désordre climatique soit bien à attribuer à l’idée de croissance, en ce sens que celle-ci ne profite en fait qu’à une minorité. Non, la croissance ne va toujours pas résoudre le fait que nous habitions sur un esquif et que nous soyons incapables d’en tirer les conséquences. Ce qui m’ est enfin clair, ce sont les réelles intentions des gourous de l’économie de marché qui se sont emparés des thèmes écologiques. Bien sûr, grâce à la croissance, des pans entiers de la population mondiale accèdent aux délices de la marchandisation et aux listings convoités des classes moyennes. La croissance est une pompe qui s’auto-alimente de certitudes, il y a toujours ceux qui réussissent et grossissent les rangs des élus de la consommation. Mais pour un qui gagne, en voilà trois qui galèrent à vouloir emprunter un chemin qui ne mène qu’aux frustrations du manque. Ils suffit pourtant de ramer à contre-courant, de remarquer la vacuité du désir consumériste, l’illusion du matérialisme pour mesurer le piège sidéral concocté par l’infime minorité au paroxysme du cynisme. En gros, le raisonnement communément admis par les groupuscules de la dé-croissance était que l’écologie officielle était une émanation du pouvoir économique libéral pour anéantir toute forme de contestation . Les partis de la défense de la nature, les bobos repentis prendraient en marche le train de la croissance pour en faire de la croissance verte , ce qui revient au même. On pouvait penser qu’aveuglés par la course aux profits, les libéraux n’aient créé les partis verts que pour servir leurs intérêts mercantiles. Ne croyant nullement au risque d’une dégradation irréversible des paramètres environnementaux , les adeptes de la croissance à tous prix auraient trouvé dans les slogans écolos un nouveau terrain de jeux et de profits.
C’est peut-être en partie vrai, mais pas totalement, voilà mon erreur fondamentale. « Je vous fait du Grenelle de l’environnement, je vous freine les émissions de gaz, je fais dans le bio, je fais de la bagnole électrique, vous allez voir , on va arranger la salade planétaire et on va faire pousser la nouvelle économie. « : tels sont les programmes environnementalistes permettant de continuer à détruire sans avoir à battre sa coulpe. Le fond du problème n’est pas tant dans l’incapacité des libéraux à imaginer que leur système économique soit une catastrophe pour la nature et donc pour l’homme. On pourrait admettre qu’imbus de convictions, des individus perdurent dans l’erreur. Je peux à la limite comprendre que le capitalisme soit convaincu de sa capacité à trouver les solutions de colmatage des brèches de son empreinte écologique. L’ignorance n’est pas un mal en soit si des mécanismes d’auto-critique permettent de la corriger. Non, le problème est que tout cela n’est pas de l’ignorance, mais bien le fruit d’une certitude. Voilà le coeur de ma méprise, je pensais avoir à faire à des aveugles, en fait ce sont des extra-lucides, je pensais combattre des chèvres aux colliers d’argent, ce sont des loups aguerris de la pire espèce qui président au sauvetage de la planète. Les tenants du développement durable, loin d’être des ignorants ou des aveugles sont parfaitement au fait de l’inutilité des solutions mises en oeuvre dans la perspective d’une réduction des modifications anthropiques du climat et des inégalités . La révélation m’en est venue à la lecture d’un essai appelé « 2030 le krach écologique » écrit par Geneviève Ferone, présidente fondatrice d’ARESE, la première agence française de notation sociale et environnementale des entreprises cotées et aujourd’hui directrice du développement durable du groupe VEOLIA Environnement. Les données du problème y sont exposées sans complaisance, tous les acteurs économiques évoqués les possèdent de la même manière, nul n’y échappe à la réalité des chiffres du désastre:
Taux de CO2 et des autres principaux gaz à effets de serre, pic pétrolier, utilisation du charbon, recours au nucléaire, montée en puissance des énergies renouvelables, mise en route des solutions alternatives à l’horizon 50 voir 100 ans, rien n’y fait , malgré toutes les bonnes volontés supposées des cercles de repentance capitalistes, le débordement climatique est promis à nos enfants. On parie de pouvoir caler à 2 degrés de plus le curseur des températures moyennes sur la planète mais on sait dors et déjà qu’avec les mesures adoptées on réussira tout au plus à ralentir le réchauffement et que les conséquences seront supportées avant tout par les populations les plus pauvres. Voyons les éléments du débat: Copenhague fait référence au taux du seul CO2 qui n’est qu’un des gaz à effet de serre à menacer l’humanité, le méthane bien plus nocif ou les halo-carbures qui entrent dans la fabrication de la chaîne du froid ne sont pas pris en considération alors que leur pouvoir chauffant est bien supérieur au CO2. La voiture électrique suppose qu’on couvre la terre de centrales électriques, le transport aérien continuera d’être un gouffre à pétrole à long terme faute de solutions alternatives, le parc immobilier mettra au minimum 100 ans à se transformer et à gagner en efficacité énergétique. La bataille à l’horizon 2030 est perdue si l’on tient uniquement compte des préconisations des soit-disants experts qui ne sont que les messagers de la logique économique dominante. En gros, pour les Cohn Bendit ou les Hulot qui sont le KGB de la pensée verte soutenable et profitable, pour donner du pain à tout le monde soit 7 milliards d’habitants , il faudrait croître de 3% par an tout en réduisant les émissions de gaz de 50%, ce qui est impossible. (Cent familles possèdent plus qu’un milliard d’habitants mais il faudrait que ce milliard développe encore et toujours les richesses et donc la croissance des premières pour avoir le droit de subsister.) Comme on arrivera pas à ralentir la soif et l’appétit des riches, on fait mine d’y croire, d’adopter des mesures essentiellement contraignantes pour les pauvres, ce qui permet la minorité aisée de continuer à rêver, à poursuivre la gabegie et à tous les autres de croire qu’un jour qui ne viendra jamais, ils pourront en faire tout autant. Comme on court tout droit contre le mur, en parallèle voilà que vont surgir les murailles du désespoir, limites entre les pays riches et les pays pauvres. Les murs de Ceuta, de la frontière mexicaine, de Jérusalem, ne sont que les avant-postes des zônes de circulation contrôlées du futur, censées contrecarrer la fuite des réfugiés climatiques. Chez Veolia on compare la menace de bouclage des cercles vivables de la planète avec la disparition de l’homme de Néandertal qui n’aurait pas résisté aux mutations climatiques alors que notre ancêtre Homo sapiens aurait réussi à transcender de tels changements. On assistera peut-être à une spéciation, une castration sociale de l’espèce humaine, les uns ayant les moyens de résister aux températures extrêmes , les autres étant éliminés car indigents. Je cite: « Cela peut paraître alarmant mais il n’y a rien de bien nouveau dans cette possible spéciation. Etes-vous sûrs qu’il n’existe pas déjà des endroits sous vide, complètement artificiels, ou’ des millions d’esclaves travaillant dans la souffrance à l’édification et la maintenance d’un Disneyland géant au seul bénéfice d’une élite oisive? » Allusion peu voilée à Dubai ou à Las Vegas. Aujourd’hui, les riches rachètent les meilleures terres des pauvres, les mines, les concessions dans les meilleures puits de pétrole ou de gaz qu’on exploitera jusqu’à plus soif, ils sécurisent leurs approvisionnements futurs en minerais, en uranium, en quotas de CO2. Les capitalistes savent les fractures que leur immonde dessin provoquera, ils se cachent derrière les slogans du développement durable pour gagner le temps du non retour. Le partage, c’est maintenant, Rome et la conférence de la FAO sur la faim dans le monde valait tous les Copenhague et les Grenelle de l’environnement du monde, mais les riches n’étaient pas là parce-que les profits sont sur la rampe de lancement des énergies bio. Le bio est tout sauf une solution pour les pauvres. Il est encore temps de partager l’ inutile des riches, de freiner ce super-tanker de la démesure avant que les pauvres n’aient plus rien à subir qu’un sort au souffle chaud.
Une Réponse à “ERRARE HUMANUM EST, PERSEVERARE DIABOLICUM”
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Vous connaissez tous l’histoire du nénuphar,
Au risque d’en agacer certains je vais la raconter à nouveau.
Un nénuphar sur un étang double sa surface tous les jours.
Sachant qu’il lui faut trente jours pour couvrir tout l’étang, étouffant alors toute forme de vie aquatique,
Quand aura-t-il couvert la moitié de la surface, dernière limite pour agir….
Vous trouverez tous la réponse.
Faites une extrapolation et appliquez cela à l’économie et à la démographie
Sachant que la terre est une surface finie et qu’à un moment donné comme l’étang elle ne pourra plus donner et elle sera étouffée.
Philippe