ELECTION 2012

 Vous avez dit socialistes ?

      Le premier débat des primaires, entre leaders socialistes, qui permettront à terme de désigner le candidat du parti à l’élection présidentielle représente bien entendu une sorte de quintescence du malentendu, une espèce de mascarade révolutionnaire.On nous explique tout d’abord que les primaires sont un modèle démocratique. Comme si donner au peuple la possibilité de choisir entre candidats identiques était une liberté fondamentale. Les primaires américaines, les plus emblématiques au monde ne sont-elles pas un affrontement fallacieux entre candidats pré-choisis, prè-désignés, adoubés par les grandes familles, les grands trusts industriels qui sont les véritables financiers des campagnes électorales, les faiseurs de présidents. Alors qu’on laisse au peuple l’illusion de désigner autre chose que la couleur de la cravate ou à la marge, la couleur de la peau du Président. Si l’on veut bien admettre que le socialisme représente la priorité accordée à la chose publique par rapport à la sphère privée, on ne peut qu’en déduire une parfaite usurpation du débat de la part d’honnêtes gentilshommes qui n’ont de gauche (au sens de tordu) que leur discours anti-libéral. 

Petits-enfants du grand timonier bourgeois Mittérand, enfants du grand privatisateur Jospin, qui n’ont apporté en leur temps qu’un parfum de gauche sans en déployer la véritable logique, partisans d’une simple adaptation sociale à la logique libérale, tristes cumulards des tribunes et des titres, ils sont tout simplement ce que n’est pas la révolution. Car ils défendent un patrimoine, une part de marché électorale, un pacte de non-agression vis à vis des rentiers du système, une simagrée du vivre-ensemble. En admettant même que des différences ténues existent bel et bien  entre eux, ils s’attachent à ne pas se tirer dans les pattes pensant avant tout se placer dans une future distribution des rôles et des ministères dans un hypothétique gouvernement de gauche. 

Sont-ils au moins convaincus que la défense de l’environnement soit une autre priorité absolue des prochaines échéances ?

Montebourg et Baylet ne parlent pas de crise écologique, Ségolène Royal veut faire de la croissance verte, du pire que le Grenelle de l’environnement, de la poudre aux yeux pour les bobos. Hollande veut de la croissance , encore de la croissance et rien que de la croissance, sur le nucléaire, pas de sortie du nucléaire , la part de l’atome passe seulement de 75% à 50% à l’horizon 2025. Valls veut réorienter les niches fiscales vers la réduction de la dette, il prône le respect de la règle d’or budgétaire, il estime que la priorité du quinquennat doit aller à la réduction des déficits, il se place à n’en pas douter pour la place de ministre du budget en perspective gouvernementale. Priorité aussi à l’autorité de l’État, aux quotas d’immigrés, aux reconductions aux frontières: pour un ticket plutôt au ministère de l’intérieur ? Martine Aubry elle s’attache à la croissance, comme à un char d’assaut, une croissance qui doit être plus verte, une croissance qui permette de tendre vers une plus grande sobriété énergétique. Parceque comme chacun sait la croissance permettra à terme de se passer de croissance, la quadrature du cercle, en quelque sorte. 

Hollande, le grand favori des sondages dans cette prière de dupes a bien appelé EE-LV à une entente de gouvernement au lendemain de la désignation du candidat socialiste, cela en fait-il un écolo pour autant, et puis les Verts sont-ils eux-mêmes de véritables guerriers anti-croissance ? Poser ce genre de question c’est déjà y répondre.

Nous sommes devant un bataillon de comptables, sans espoir, sans élan, qui bavent devant la réussite industrielle allemande, qui veulent à peine réformer ou au mieux adapter le système qui broie les petits et protège les gros mais qui ne veulent pas du tout bousculer l’ordre des inégalités, mais n’ont aucune conscience du crac environnemental global. Tout cela est triste, et à vrai dire , sans intérêt. Le malheur est qu’il faudra bien se rapprocher de ces gens là pour virer De Funès. 

Alors pourra-t-on me rétorquer, est-ce vraiment en assénant ce genre de constat que l’on parviendra à récupérer les morceaux de l’union des gauches au second tour ? Oui si l’on considère qu’il vaut mieux , avant de prévoir des rassemblements qui servent à quelque chose, savoir à qui l’on a vraiment à faire.

Et ce que l’on a appris ce soir c’est qu’il en est un seul qui apparaisse un tant soit peu utopique, ce qui est pour moi le meilleur de l’imagination, le seul qui puisse trouver un sens au discours étriqué des chiffres, qui soit un tantinet sympathique et sincère sur ses convictions de gauche: celui-ci s’appelle Montebourg.  

Que fait-on avec ces élections, du fond de notre gauche ? Je dirais que si nous n’avons rien d’autre à faire, si nous avons envie d’y aller, profitons-en pour tenter de tourner légèrement le gouvernail du paquebot socialiste du bon coté, avant qu’il ne se perde dans le brouillard libéral

La dynastie Sarkozy

On a tous quelque chose de Sarkozy®   Santé, retraites complémentaires, Internet, télévision : ils s’occupent de nous 

Après l’épisode homérique du Prince Jean montant à l’assaut de l’Epad, suivi d’un rétropédalage suffisamment astucieux pour l’introniser comme une personnalité politique vraisemblable, il est venu à l’esprit de certains d’entre nous (appartenant probablement à cette minorité dangereuse qui rôde sur le Web) d’aller fouiller les cyber-archives bananières de notre douce France. Il nous apparaissait judicieux de retracer les événements récents entachés de népotisme ou de coups de piston trop bien placés. Pour Jean Sarkozy, la conseillère générale Isabelle Balkany ne se fait pas de souci ; elle l’a suffisamment dit lorsqu’il a annoncé sur France 2 qu’il ne briguerait pas la présidence de l’Epad. Le Canard enchaîné, dans sa livraison du mercredi 28 octobre, non plus, qui le voit président du Conseil au renouvellement triennal de 2011. Texte et dessin sous licence creative commons.

Guillaume le conquérant… du marché des retraites   « Je suis fier d’être un patron industriel qui délocalise », s’exclamait fougueusement l’aîné des frères Sarkozy, Guillaume, en 2002. Malgré cette admirable profession de foi, l’entreprise dont il avait la charge depuis vingt-sept ans, les Tissages de Picardie, se crashe en septembre 2005 dans la sueur et les larmes. Elle sera définitivement liquidée en mai 2007, mois de l’accession de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Accessoirement, Guillaume perdit la vice-présidence d’un club philanthropique bien connu, le MEDEF, qu’il détenait depuis 2000 (et dont on retrouvera trace plus loin autour d’un autre frère, « l’Américain »). Mais il en faut plus pour décourager un coeur généreux.  Le premier septembre 2006, il succède à Régis de La Roullière en devenant le Délégué général du Groupe Médéric (ouvrir l’onglet une équipe engagée pour voir l’organigramme). Lequel fusionne en 2008 avec le Groupe Malakoff, donnant ainsi naissance au premier groupe paritaire de protection sociale. Autrement dit : un cartel surpuissant, dédié à la retraite complémentaire. Or, et c’est une coïncidence fort curieuse, on apprend dans Le Monde du 4 juin 2009 (ici en intégralité, archives payantes, note du ouaibemaître) que Nicolas Sarkozy « souhaite que soient confiées de nouvelles responsabilités aux organismes complémentaires. (…) La solidarité nationale continuera de remplir sa mission, a prédit le chef de l’État. Mais à ses côtés, d’autres formes de protection sont appelées à se développer » Certes, mais la solidarité nationale est bien mal en point ces derniers temps. En ces époques de chômage endémique, le nombre d’années de cotisations nécessaires pour prétendre à une retraite à taux plein ne cesse magiquement d’augmenter pour frôler des sommets inexpugnables. Forçant beaucoup de salariés à investir dans une retraite «privée». Rien à dire : pour certains, la crise n’a que de bons côtés. Industrie pharmaceutique et Finance internationale  

Deuxième frère, François Sarkozy. Médecin pédiatre de formation, il s’est reconverti en 2001 dans le secteur pharmaceutique, branche industrielle dont chacun connaît la transparence et l’humanisme. Il ne fait généralement pas beaucoup parler de lui, à part un bref moment en 2007, lorsqu’il apparaît, curieusement, qu’il fait partie du comité d’évaluation de l’Arche de Zoé. Il n’y a guère que le blog Pharmacritique pour publier un considérable dossier, maintes fois pillé (et c’est pourquoi nous vous renvoyons directement vers lui), sous le 3 La Vigie de Gauche 28 octobre 2010   titre suivant : «Plan Alzheimer et conflits d’intérêts : les Sarkozy, Sanofi, recherche publique, franchises médicales… Les deniers publics feront les profits privés.» Reste Olivier, l’Américain, qui se fait d’ailleurs appeler Oliver. Demi-frère de Nicolas (et des précédents), il a grandi aux USA après le remariage de sa mère, seconde épouse de Pal. Diplômé d’Histoire médiévale… il entame ensuite une carrière dans la banque d’investissement. Il devient en avril 2008 co-dirigeant de l’activité mondiale des services financiers de la sulfureuse société Groupe Carlyle, bien connue de ceux qui ont vu le pamphlet Fahrenheit 9/11, de Michael Moore . A cette époque, outre toutes les casseroles qu’elle traîne déjà, Carlyle souffre en France d’un douloureux soupçon de clientélisme : en effet, en 2003, Carlyle avait acheté à l’État français les locaux de l’Imprimerie nationale pour 85 millions d’euros (voir les conditions de vente sur le site du Sénat). Le même État lui rachètera en 2007 lesdits bâtiments, pour en faire le nouveau Ministère des Affaires étrangères… et ceci pour la somme de 376,5M€, soit 4,5 fois le prix de départ (après environ 120M€ de travaux).  Olivier les bons tuyaux  « Olivier a une carrière et un réseau incroyables, qui aideront Carlyle à capitaliser sur les bouleversements dans le secteur des services financiers et à étendre notre présence sur cette partie importante et croissante de l’économie mondiale », déclare le co-fondateur du groupe. On craint de comprendre le sens réel de la formule « capitaliser sur les bouleversements ». D’autant que dans la dépêche initiale en anglais, l’expression exacte était « the dislocation in the financial services sector ». Encore une fois, la crise, c’est pas pour tout le monde. Que les manants se le tiennent pour dit ! Pour la petite histoire, à Carlyle, Olivier Sarkozy a rejoint Paul Desmarais (père), l’homme le plus riche du Québec, qui connaît Nicolas Sarkozy depuis 1995 et a été par lui élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’honneur en février 2008. Une distinction qui, outre les présidents de la Ve République depuis Giscard, est délivrée avec parcimonie (on y trouve entre autres Gustave Eiffel, Alexandre II de Russie, Lech Walesa ou l’Abbé Pierre). Un petit cadeau supplémentaire après la soirée au Fouquet’s du 6 mai 2007. Le Figaro ne manque pas de rappeler les vacances de 4 La Vigie de Gauche 28 octobre 2010  Nicolas Sarkozy dans le somptueux domaine du milliardaire canadien, en 2004, alors qu’il était ministre du Budget.  Mais foin de mauvais esprit, bon sang ne saurait mentir : Oliver a déjà fait tomber Numericable et le monopole sur tout le câblage en fibre optique des Hauts-de-Seine dans l’escarcelle de Carlyle. 827 000 prises à installer dans le département présidé par Patrick Devedjian. La Commission européenne a donné son accord le 28 septembre 2009 à un consortium dont Numericable détient 80% des parts, au grand dam de certains élus d’opposition qui y voyaient comme une absence de concurrence. Et, le 5 octobre, M. Devedjian, devenu ministre de la Relance, a dû organiser une conférence de presse pour affirmer : «La décision de la Commission crée les conditions de la concurrence». Après tout de même seize mois d’instruction du dossier, pour une subvention de 59M€. Ce plan (dit «THD92», THD pour « très haut débit » et 92 pour Hauts-de-Seine) avait été décidé en 2004 ; Nicolas Sarkozy a présidé le conseil général du 1er avril 2004 au 14 mai 2007, date de sa démission du fait de son arrivée à l’Elysée. Numericable n’est pas à 100% à Olivier Sarkozy et ses employeurs. D’ailleurs, Numericable n’existe pas comme entité simple : son histoire est intimement liée à celle de Ypso, holding qui détient toute une série d’enseignes, dont… Numericable. Lorsque le ministre français en charge de la Relance parle de Numericable, il parle tout d’abord d’une enseigne commerciale (également connue sous la dénomination Noos-Numericable). L’entreprise qui fournit les « tuyaux » par où passeront l’Internet, la télévision et le téléphone (et qui est détenue à plus d’un tiers par Carlyle) s’appelle Ypso France SAS et a pour activité le « conseil pour les affaires et autres conseils de gestion ». Loin, très loin, de l’Internet, de la télévision à haut débit ou du téléphone par câble. Elle se trouve bien à Champs-sur-Marne (là où sont les bureaux de Numericable) et son président est Pierre Danon (dont l’épouse est une femme d’influence, partie du Printemps avec un beau chèque). Depuis septembre 2008, Pierre Danon est à la tête de Numericable. En avril dernier, il présentait le nouveau conglomérat Numericable-Completel comme le premier câblo-opérateur de France. Pour être complet dans le montage financier, Ypso France SAS appartient pour 35% au fonds de pension américain Carlyle, pour 35% au groupe britannique d’investissement Cinven, et pour le reste (30%) aux Luxembourgeois de chez Altice. Ne cherchez pas d’« identité nationale » aux installateurs de tuyaux dans les immeubles5 La Vigie de Gauche 28 octobre 2010  

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