Le déficit du budget de l’état pour 2009 est de 138 milliards d’euros, vu comme ça, il ne reste plus rien pour améliorer la situation et on ferme la boutique tout de suite. Les retraites passent à 70 ans pour tous avec un minimum de 48 années de cotisations.
C’est le discours officiel, sauf que 75 milliards représentent le montant du bouclier fiscal qui évite à certains citoyens de contribuer à la mesure de leurs moyens à l’effort national, sauf que 25 milliards d’euros disparaissent probablement chaque année vers les paradis fiscaux dont on nous assure pourtant la disparition, sauf que les quinquagénaires sont poussés vers la porte de sortie par des entreprises en passe de délocalisation sauvage, sauf qu’1 jeune sur 4 est au chômage, sauf que le niveau moyen d’une retraite se situe à 800 €/mois, sauf qu’à 70 ans les ouvriers du batiment sont au bord de la tombe. On mesure ici la dichotomie extrême existant entre une fable libérale et la réalité.
Avant de réellement croiser le fer, CNC ouvre le débat et déclare tout net que le meilleur moyen d’empêcher l’ augmentation de l’age de la retraite, c’est encore de l’abaissser.
Voici le raisonnement de Thomas Petit (glané durant mes pérégrinations sur le net) qui a l’avantage de planter le décor:
« Pour une retraite à 55 ans ! Le gouvernement lance une offensive sur les retraites. Sous prétexte de déficits colossaux, il faudrait travailler plus longtemps. Ce serait même la seule et unique solution, il serait irresponsable de faire autrement, et patati et patata… Pourtant quel serait l’efficacité d’un allongement de la durée de cotisations? Le constat Le régime vieillesse serait déficitaire de 7,7 milliards d’euros en 2009 contre 4,6 en 2007. Mais est-ce du à une forte augmentation des charges ? Non ! Le taux d’augmentation des charges a baissé de 7,6 en 2007 à 3,7 en 2009 (prévision). Et les recettes ? Leur taux de progression est en baisse plus importante ! (de 4,5 à 1,9) Ce n’est donc pas seulement un problème démographique mais un problème de choix politique. L’augmentation du nombre de trimestres à cotiser n’a pas rapporté plus de recettes ! Le problème économique vient d’une mauvaise répartition des richesses dont la pression sur les salaires en temps de chômage massif est une donnée importante. Le chômage des jeunes est massif et détériore la confiance en l’avenir et donc l’investissement. Dans un marché du travail atone, il faut faire un choix entre chômage et retraite. Les études montrent que le choix est évident : les chômeurs coûtent beaucoup plus à la société que des retraités. Ce constat avait amené à divers choix sages comme la pré-retraite ou la réduction du temps de travail. Et enfin, quel est le bilan des recettes étrangères tant vantées ? Les idéologues de droite, dont le gouvernement, ne cessent de dire que les autres font la même chose : augmenter l’âge de départ en retraite. Mais pour quel bilan ? N’ont-ils pas dit la même chose pendant 30 ans à propos du système libéral effréné ? On connaît désormais le résultat. En sera-t-il de même des retraites ? D’autant plus que notre système est très minoritaire et ne correspond pas aux exemples donnés. Leur argument n’est donc pas valable. Celui-là comme les autres ! Mais voit-on une amélioration depuis qu’ils ont commencé à détruire le système en 1993 ? Quels résultats ont-ils obtenu depuis ? Efficacité ? Le taux d’emploi des 60-64 ans était de 13,5 % en 2005 soit 1 point de plus qu’en 2002 alors que le taux d’emploi des 55-59 ans est resté stable à vers 54%. Les plus chanceux ont donc la possibilité de rester plus longtemps au travail tandis que le taux d’emploi reste le même dans les 5 années qui précèdent. Il n’y a donc pas plus d’emplois mais plus de seniors qui peuvent « s’accrocher » à leur poste. L’effet évident, pour des offres d’emploi stables, est l’augmentation du chômage des jeunes et du chômage en général. Le deuxième effet est l’augmentation de la pression à la baisse sur la rémunération du travail. Le troisième effet est la baisse des recettes des régimes de retraite largement assises sur la rémunération du travail. Le problème des recettes ne peut être réglé par une augmentation de l’âge de départ à le retraite tant que le chômage n’est pas résorbé. Au contraire, ça ne fera que le creuser. On ne décrète pas l’augmentation des offres de travail sinon le problème du chômage aurait été résolu depuis bien longtemps. Le problème des recettes, c’est le nombre de cotisants, pas l’âge des cotisants (même s’il y a un effet ancienneté). De plus, il y a un effet récessioniste . En effet, cette augmentation artificielle, si elle convient à 54% maximum de la population et seulement 13,5% minimum, elle impliquera d’évidence la chute de pension de tous ceux ne pouvant trouver un emploi au-delà de 55 ans. Les pensions déjà faibles seront donc encore réduites pour 45% de la population. L’effet bien connu est une baisse de la consommation, une hausse de l’épargne de précaution une diminution des transferts générationnels vers les forces vives (moins de soutien des anciens aux jeunes. Dernier élément, les jeunes qui bien souvent doivent confier leurs enfants à leurs parents à la retraite ne pourront plus le faire, ce qui réduit la mobilité et la productivité des 30-35 ans. Soit une politique familiale coûteuse elle aussi est mise en place, soit l’augmentation de l’âge de la retraite est là encore une erreur fondamentale. Au final, augmenter l’âge légal de départ à la retraite, c’est comme proposer à une population qui n’a pas de quoi manger de repousser l’heure du repas : ça ne produit pas plus de pain mais au moment du repas, ils se battront encore plus entre eux pour avoir leur part. Solution: Le problème principal est la répartition de la richesse. Il faut remettre la pression à la hausse pour la rémunération du travail. Pas en augmentant les heures de travail par personne mais en augmentant la rémunération pour chaque heure travaillée. C’est aussi en réorganisant la société autour de la communauté plutôt que du travail individuel. Il faut pour cela libérer du temps vers des activités sociales. Celles-ci diminuent la nécessité de consommer des biens de marché c’est-à-dire ayant un prix monétaire. Le deuxième aspect, pas des moindres, est de gagner la majorité des pensées, la majorité des votes. Dans une démocratie, on ne peut mettre en œuvre une politique si l’on est minoritaires. Il faut donc gagner la guerre idéologique, ce qui n’est possible que par une stratégie de communication. En restant toujours sur la défensive, on est archaïques et l’on ne peut obtenir l’enthousiasme nécessaire pour battre les conservatismes et les peurs. Il faut non seulement contester l’intérêt d’un retour au 18ème siècle mais plus encore proposer le monde du 21ème siècle. Il faut proposer le progrès, l’amélioration de la société plutôt que la régression, la division, l’égoïsme, l’individualisme. Par conséquent, ce que l’on doit proposer n’est pas une régression mais au contraire la baisse de l’âge de départ légal. Il faut organiser un âge de la productivité matérielle et un âge de la productivité de sens. Il s’agit d’organiser la production de ce qui est nécessaire pendant les 20 ou 30 premières années et de donner le temps de créer, de construire, d’imaginer, de soutenir, pendant les années qui suivront. C’est possible, c’est une question de choix et d’organisation. Je propose donc de lancer une campagne pour passer l’âge de la retraite à 55 ans. Ça fera rire les « érudits » mais ça fera rêver le peuple. Ça redonnera espoir dans le progrès : augmenter l’espérance de vie pour se libérer, pas pour augmenter le temps des chaînes ! L’idée peut donc devenir majoritaire. Par ailleurs, ce n’est pas qu’un slogan ou une idée en l’air mais bien une solution possible aux problèmes de financement des retraites. Comme il est dit plus haut, il vaut mieux des retraités que des chômeurs. Le chômage met la pression à la baisse, à la régression. Il détruit les liens sociaux et met les citoyens en concurrence pour leur survie. La peur est la suite logique. Il faut inverser la tendance ! L’objectif ne doit plus être de diminuer les coûts mais d’augmenter les recettes, de mieux les répartir. N’est-il pas d’ailleurs logique qu’une part croissante du IB aille vers cette population qui augmente en proportion ? Le PIB ne diminue pas pour autant. Il s’agit donc d’abord d’un problème de répartition. Enfin, et c’est le plus important, notre système est d’abord inter-générationnel. A chercher une solution ponctuelle, nous perdons ce même système. Pourquoi les prévisions validant la thèse du gouffre financier s’arrêtent-elles en 2050 ? Pourquoi ne fait-on pas glisser ces prévisions ? Il faut voir à plus long terme : que se passera-t-il après ??? La vérité c’est que la pyramide des âges s’est équilibrée. L’augmentation du nombre de retraités se stabilisera et diminuera après 2050. C’est un fait que la droite ne veut pas dévoiler. Augmenter le nombre d’enfants ne ferait que reporter le problème à leur avenir. La réalité est là, toute simple : augmenter l’âge de départ en retraite est un piège. Proposer de diminuer cet âge de départ peut être un contre-feu puissant, efficace, car logique et fondé. Synthèse finale de la commission des comptes de la sécurité sociale 15 juin 2009 « - http://www.budget.gouv.fr/presse/dossiers_de_presse/090615_secu/synthese_finale.pdf 5èmerapport du Conseil d’Orientation des Retraites 21 novembre 2007 – http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-835.pdf Par Thomas PETIT