LES MONDES PARALLELES
Posté par provola le 10 novembre 2013
Notre société de dupes fonctionne comme si l’évasion fiscale n’existait pas. Notre monde de la communication permet au plus gigantesque hold-up que l’économie mondiale ait connu de fonctionner jour après jour sans que quiconque ne se soucie de ses répercutions pourtant évidentes à l’échelle de la planète. La fuite des capitaux coûte à la France environ 70 milliards d’euros chaque année, plus ce que rapportent l’impôt sur le revenu ou l’impôt sur les sociétés. Pourtant on ne voit personne dans la rue, pas de contestation contre nos planqués du fisc, sauf des bonnets rouges qui veulent détruire des portiques, les nouveaux moulins du dérisoire, symboles d’un soi-disant ras-le-bol fiscal.
En gros l’on peut considérer que les plus gros revenus sont totalement exentés d’apporter leur contribution à la cause commune, ceux-ci ont même réussi à faire croire que notre pays était le champion de la pression fiscale. L’opinion publique est prête à croire ces balivernes car bien évidemment le pouvoir est bien obligé de faire payer ceux qui ne peuvent pas se soustraire à leurs obligation, ceux qu’on appelle plus communément la classe moyenne.
Rappelons quelques points fondamentaux, l’Insee nous révèle qu’un pour cent des Français possèdent 20% du patrimoine national, que 10 % des ménages possèdent 50% du patrimoine et que 50% des ménages possèdent 95% du patrimoine. En gros cela veut dire que la moitié des Français ne possèdent rien. On a là une autre vue de la société française, bien plus inégalitaire que ce qui nous est constamment présenté par des médias à la réflexion tronquée. Les grandes signatures de l’info qui font l’opinion nous racontent plus souvent la fable d’une France moyenne de Français moyens, ces 50 % de Français qui paieraient pour tous les autres. En plus ne plaint-on pas à longueur de titres et de slogans les très hauts revenus qui seraient traqués fiscalement, qui seraient carrément obligés de fuir notre pays pour ne pas se faire dépouiller ?
Or il apparait que les propagandistes, les présentateurs de fausses infos, les donneurs de leçons du petit écran ou de la presse écrite se situent bien souvent dans la fourchette haute des revenus et se sentent tout à fait à l’aise dans cette jungle inégalitaire. Comment attendre de leur part une diatribe anti optimisation fiscale ou une mise en cause de l’évasion fiscale, eux qui sont payés grassement pour les taire ?
70 milliards d’euros par an subtilisés à la communauté, ce sont rien moins que 200 millions qui partent en fumée chaque jour, disparus à jamais des écrans radars, autant de moins pour financer, les écoles, les hôpitaux ou la recherche. Et l’on préfère amuser les Français avec le vol de telle mobylette dans un quartier de banlieue, enfoncer le clou du voile intégral porté par deux cents femmes sur le territoire national, attirer le regard vers les dix sept mille Roms qui menaceraient l’unité nationale.
Voilà bien ce monde parallèle, ce monde dépeint à dessein, fait de divisions, de racisme, de populisme, de sectarisme, cette fable d’une société empêtrée dans la lutte pour la compétitivité, pour la survie, obligée de détruire les droits sociaux, de ratiboiser les protections autrement appelées »dépenses d’Etat ». Le chômage serait la conséquence des 35 heures, des charges sociales trop lourdes, du manque d’attractivité du pays pour les investissements étrangers. Alors qu’on oublie de dire que la productivité des Français est supérieure à celle des Allemands et que la courbe de la natalité évitera à notre pays de se retrouver dans quelques années face à un goulot d’étranglement compliquant le financement des régimes de retraite.
La vérité est que notre pays est désormais en compétition avec les paradis fiscaux, appelés pays amis, ou voisins, la Suisse, la Grande Bretagne, le Luxembourg, bien plus qu’avec la Chine, le Bengladesh ou le Japon.
L’Europe toute entière est devenu une vraie structure de démolition, vouée au libéralisme, aux dérégulations financières tous azimuts, empêchant toute tentative d’esquisser une harmonisation fiscale à l’échelle continentale. L’Irlande base sa résurgence économique sur un abaissement des taxes sur les sociétés, les Pays-Bas se veulent une zone d’attractivité fiscale, le Portugal attire nos retraités en les exonérant d’impôts sur le revenu.
L’Europe devient petit à petit une sorte de jungle fiscale où tous les pays sont contraints d’attirer les capitaux en baissant les taxes. L’Union européenne nous avait été vendue comme devant devenir une zone de protection, elle devient un terrain vague des droits sociaux, une espèce de no-man’s land, sans foi ni loi, une forteresse en péril, une ruine en solde.
Il y a la société qu’on nous décrit, censée rester la principale force économique mondiale. Il y a la réalité, celle d’un continent appartenant à quelques actionnaires, quelques hedges funds gérants les retraites des fortunés américains, quelques multinationales sans scrupules, Google, Amazone, Apple, détruisant des emplois par centaines de milliers et ne payant aucun impôt dans les pays où elles opèrent et font le gros de leurs bénéfices.
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