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QUAND L’AVENIR SE DEGUISE EN FADO

Posté par provola le 14 mai 2012

                                 

                                         Mélancolie quand tu nous tiens. Le Portugal avait goûté durant vingt cinq ans le vent du consumérisme, de l’argent facile, l’entrée en 1986 dans l’Union européenne avait déclenché l’enthousiasme populaire, le syndrome du caddy plein. Habitués aux courants d’air marins, les lusitaniens pensaient que leur quête d’un au-delà du Tage meilleur allait enfin prendre fin. Que c’en serait fini de l’éloignement, du partir et du mal du pays. Le pays s’était transformé en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, sans pouvoir digérer ce qui lui arrivait, une vague immobilière avait submergé la côte, la fièvre acheteuse avait eu raison des dernières illusions d’indépendance.

Car plus rien n’appartient aux Portugais, car plus rien de ce qui se vend et de ce qui s’achète n’est désormais produit sur place.

Ce bout d’Europe s’est vendu pour deux sous et quand les vents ont commencé à tourner, le cauchemar de l’émigration s’est à nouveau invité à la table des festivités.

Les banques, les autoroutes, l’énergie, tout a été bradé sur l’autel du profit immédiat, comme les usines du nord de l’Europe devaient vendre des Airbus aux Chinois, les rares usines portugaises de textile et de chaussures ont du se plier à une logique de marché pas faite sur mesure pour un pays à la traine.

Les chaines de distribution allemandes et françaises ont détruit le petit commerce pourvoyeur d’emplois, les taxis roulent en Mercédes d’occasion, le Camembert se retrouve sur les étalages, au lieu du petit fromage de chèvre de la Serra. 

Ainsi le nord de l’Europe a t-il en même temps qu’il prenait possession des lieux, profité d’une occupation facile, gagné des parts de marché, exploité sans vergogne ce bout de territoire, cela sans effort, avec non seulement l’assentiment mais l’appui de la Commission européenne dirigée par le Traître Barroso, le libéral aux sabots de plomb. 

Ainsi, les anciens retraités qui s’en étaient retournés au pays couler une retraite heureuse au bercail voient-ils aujourd’hui leurs petits-enfants reprendre le chemin de l’exil forcé. 

Car la croissance factice alimentée par la spéculation immobilière a disparu des écrans radar comme une sorte d’écran de fumée, le paysage est une désolation absolue entre carcasses d’usines, supermarchés et autoroutes flambants neufs. La transhumance vers de meilleurs cieux est devenu au fil des dernières années l’unique objectif des jeunes sans avenir.

Les prévisions économiques pour cette année sont catastrophiques, récession de 4% , et peut-être 2% pour l’année prochaine, si tout se passe bien, ou moins mal, mais rien n’est moins sûr. Le chômage explose, 14% pour cette année ( 25% chez les jeunes de moins de 25 ans) et l’on ne voit pas comment cela pourrait s’améliorer l’année prochaine. Ou plutôt si, on voit à peu près, en invitant les jeunes à quitter le pays. Ce qui permettra de les effacer des statistiques.

Comme l’Europe entière a du mal à absorber la déferlante, c’est maintenant vers l’Angola l’ancienne colonie que sont tournés les regards et les espoirs par un incroyable retournement des choses. L’ancienne colonie ayant trouvé des trésors enfouis sous forme de pétrole, c’est là-bas à une course folle à la construction à laquelle on assiste, ce qui alimente la spéculation. Le gouvernement angolais se dit prêt à aider le grand frère malade, il appelle les jeunes portugais à s’expatrier pour profiter du boom économiques, et les plus grosses entreprises angolaises commencent à investir au Portugal en profitant de la grande braderie dirigée par Bruxelles.  

Que reste-il du Portugal dans tout ce cirque, dans cette danse au pas cadencé de la Troïka ? Plus grand chose en vérité qu’une amère mélancolie qu’un triste Fado à revoir les fantômes de la Saudade.

Ces fantômes qui transformaient autrefois le souvenir en larmes de braise et qui s’en reviennent maintenant répandre l’angoisse du lendemain.

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