LE MESSAGE D’EN-BAS
Posté par provola le 31 janvier 2011
Le mouvement de révolte dans les pays arabes a largement pris de court le système économique mondial basé sur un statu-quo sécuritaire. Les dictatures du Moyen-orient participent de fait à l’annexion des gisements pétrolifères de la part des occidentaux. L’Egypte est de ce point de vue le gardien du temple du Canal de Suez par où transite 3% du pétrole consommé dans le monde. A ceci vient s’ajouter le fait que l’Egypte est le principal allié des USA dans la région et le seul pays arabe à avoir reconnu l’état d’Israël.
Cette connivence avec les monarchies fantoches du Golfe et la dictature égyptienne permet ainsi aux occidentaux de s’assurer la main-mise sur les principaux puits de pétrole du monde et sur un important passage de son acheminement vers l’Europe. Cette situation idéale ne pouvait que se perpétrer vu l’ idéale situation engendrée pour les caisses des pays du nord.
Sauf que le peuple égyptien n’en pouvait plus de voir passer les tankers qui alimentent la croissance des pays riches, et pas la leur, sauf que la démographie galopante sur les bords du Nil rend la situation alimentaire extrêmement aléatoire, à la merci de la moindre crise d’humeur du fleuve.
Tensions sur les denrées alimentaires, corruption généralisée, le cocktail était explosif et devait forcément éclater à un moment ou à un autre. La mèche tunisienne aura permis de déclancher le processus.
Ce qui apparaît au grand jour , c’est bien l’incroyable volte-face occidentale, l’aspect dérisoire des commentaires des grandes capitales de l’ouest. Les USA emboîtent le pas de la marche démocratique car ils ne veulent pas perdre pied dans la région et le convoi des approvisionnements futurs, le discours d’Obama ne trompe personne, il se place du coté du peuple mais se satisfaisait parfaitement, hier, du régime fort de Moubarak qui garantissait la paix dans ce secteur névralgique. La misère de la population lui allait si bien, ainsi qu’à ses sbires européens, britanniques , allemands et français qui balbutient aujourd’hui quelques piètres psalmodies. Affolés par ce mouvement populaire qui chamboule l’ordonnancement séculaire des affaires, les démocraties tentent d’expliquer qu’elles se trouvent du coté des braves.
L’Europe, elle , n’existe pas au moment M où l’humanité aspire à plus d’égalité, l’Europe se cache alors qu’une déflagration démocratique lui explose à la figure. Van Rompuy, Barroso, Trichet sont des pions au service du grand capital, grands comptables plus que philosophes, ils ne comprennent rien à la dynamique des peuples.
Bien sur on pourrait condamner ce mutisme coupable, mais à quoi bon ? Comme on attend plus rien de cette distribution de mauvais acteurs, autant s’attacher aux choses qui ont vraiment de l’importance, au premier rang desquelles la capacité des pays à se transformer du bas, à se transcender grâce au soulèvement des plus petits de ce monde.
Ce que des décennies d’infamie, de conformisme, d’injustes équilibres, de spoliation tous azimuths auront permis, quelques bonnes volontés, quelques courageux, quelques moins que rien auront réussi à le renverser.
Le message ultime tient sans doute à ce que les bonnes volontés et la révolte des humbles aura réussi là où les potentats et les forces d’argent ont raté ou largement refusé, c’est à dire une meilleure répartition des richesses.
Le Club de Rome voyait dans l’entente des élites la clé d’une harmonisation économique mondiale, seule façon d’entamer sérieusement le plan de sauvegarde de la Planète. A voir la faillite des systèmes qui ont mené aux dérèglements environnementaux et aux injustices actuelles on ne peut que souhaiter que les soulèvements des sans-grades parviennent à une meilleure appréhension des enjeux fondamentaux du futur.
Le Club de Rome nous avait éclairé sur l’intime imbrication des phénomènes induits par l’explosion démographique mondiale et sur le fait qu’il n’y aura pas de rédemption écologique sans avancées sociales qui elles -mêmes sous-entendent une meilleure distribution à l’échelle planétaire. En ce sens la survie du « système » et des éco-systèmes (ce qui en fait est la même chose sur notre petit rafiot de fortune), viendrait plus du Caire que de Davos, si vous voyez ce que je veux dire.
Gageons d’or et navant que si les puissants et leurs bras armés les dictatures qui protègent leurs intérêts ne lâchent pas la bride de la soumission des peuples, alors ceux-ci se chargeront de prendre à leur compte leur propre destin et par la même, la survie de leur descendance.
Aucun Hitler, aucun Staline, et aucun César n’ont jamais empêché l’ Humanité de refuser son propre suicide.
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