MARIAGE AVEC LA VIE (article inclassable)
Posté par provola le 28 mai 2009
On a des moments d’exaltation totale, sous le coup de Trafalgar d’une prise de stupéfiants.
Ce soir je me fous du conventionnel et je me fous du blog et c’est peut être là ou’ je suis le plus proche de qui vous voudrez.
J’ai été tellement fou que j’ai demandé ma femme en mariage, ou quand la digression est la porte de l’autre dimension.
On fait ça généralement au début ,avant de savoir ,on joue un jeu inconnu mais bridé; là on est en terrain miné, échafaudage branlant qui ressemble à la vraie création , ou quand la subtilité de l’être entrouvre ses transpirations discrètes.
On était partis de rien , d’une idée mal cousue, d’une intuition, d’une griffure de salon, d’une plaie mal refermée sur une vision erronée du monde. Une question de transcendance, un verbe mal ajusté, simplement à coté, on aurait pu être heureux , sans plus de tracas que de vieillir heureux ensemble, avec des enfants si nombreux et si beaux qu’il aurait fallu tout un océan pour faire entrer leur splendeur et notre coté obscur .
On aurait pu vivre sans soucis, avec une maladie honnête, pleins de tunes et tordus révolutionnaires comme de coutume , on aurait pu déchirer l’église par convention , comme pour colmater une angoisse, celle d’une bonne pêche, d’une existence qui serve au moins à se sentir exister.
On aurait pu se comprendre, se tenir prêts à exploser dans un lit IKEA, pour une pirouette de métier , une fraise d’Andalousie , chaloupe de « fringance » exposée à l’inévitable subtilité de l’être.
On aurait pu transgresser toutes les mouvances de l’échiquier et traduire en mat les fleurs du mal. On aurait pu faire mieux que tout le monde et s’expliquer au moment de l’adieu et se dire qu’on a fait de notre mieux et qu’on ne pouvait pas faire mieux.
On aurait toujours su se dire l’amour de la découverte et le souvenir du regret.
On aurait pu ne jamais se demander, on aurait pu se quitter et rester en contact.
On aurait pu ne jamais connaître le précipice absolu , au moment précis ou’ la falaise devient une pure hypothèse de retenue , une piste au décollage , ou’ quand les certitudes ne sont plus rien que le vent du vide.
Demander sa femme en mariage est un exercice de style aux limites de la zone de la mort , plus haut que le col sud de l’Everest, on a parfois envie de redescendre chercher une bouteille d’oxygène jusqu’au moment ou’ le manque d’air propulse le réel en un trait d’union pour l’éternité.
Au final, tout cela, si je ne m’abuse, constitue quand même une bonne nouvelle.
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