Il y a de l’harmonie céleste dans l’agencement impétueux des bougies clignotantes. Un charme douillet , une vision nouvelle de la famille , l’on pille sans vergogne dans le creuset des religions séculaires , on épuise les marchands de sable publicitaires qui à force de gueuler participent au décervelage de saison.
On ne peut comprendre la déferlante consumériste ayant pris le pouvoir sur le monde sans revisiter les étapes de la révolution libérale . Tout se passe comme si l’ordre divin du cosmos avait façonné les relations humaines, avait imposé sa moralité surnaturelle. L’homme réduit à sa valeur marchande,voilà la vision aboutie de la condition humaine , en fait il n’existerait aucun autre intérêt à l’existence que l’accumulation de richesses. On trouve l’origine de nos vicissitudes modernes dans les théories d’Adam Smith , philosophe Anglais du 18 ème ,référence absolue de nos économistes néo-libéraux contemporains . On ne peut envisager de traduction des propos de Smith sans aborder sa composante métaphysique, fondamentale .
Les hommes étant de purs êtres emprunts d’égoïsme, leur penchant naturel les pousse à se piétiner les uns les autres dans un seul but , leur enrichissement personnel, mais il existe une entité invisible, de régulation , capable d’anéantir la partie négative de toutes ces pulsions individualistes pour transformer cet enfer marchand en un ordre économique de bien-être partagé, en système miraculeux de partage universel.
Le marché est un Dieu capable au bout du compte d’auto-régulation , d’auto-contrôle , de Sainte Pax Economia. Le marché dispose d’une capacité propre à l’avènement d’une solidarité auto -proclamée. L’idée est d’abord de créer de la richesse en laissant libre cours à la cupidité , aux désirs d’enrichissement, de l’homme . Cette quantité produite de biens et de richesses se répandra de manière naturelle sur toutes et tous, bénéficiera jusque dans les contrées les plus reculées au plus pauvre des mortels. Le libéralisme repose sur le constat qu’il ne faut surtout pas réfréner les aspects les plus vils de la moralité humaine si cela peut porter à une accumulation du capital, des fruits du système. Nous parlant de l’impôt:
« l’impôt peut entraver l’industrie du peuple, et le détourner de s’adonner à de certaines branches de commerce ou de travail qui fourniraient de l’occupation et des moyens de subsistance à beaucoup de monde. Ainsi , tandis que d’un coté il oblige le peuple à payer, de l’autre il diminue ou peut être anéantit quelques unes des sources qui pourraient le mettre plus aisément dans le cas de le faire. » En d’autres termes la solidarité se fera naturellement grâce à une capacité immanente du marché de propager l’onde bienfaitrice sur l’humanité . L’Etat ne peut que freiner la formidable force génératrice de l’égoïsme humain qui est est le meilleur moteur de la création de richesse , celle-ci ne pouvant que profiter in fine à l’ensemble de la communauté humaine . Cet ordre cosmique régulateur sera appelé « la main invisible » et de manière totalement inattendue apportera sur terre l’harmonie sociale.
Reagan, Tatcher, Bush, Berlusconi,Blair, Sarko les arrières petits fils d’Adam Smith n’ont lu qu’une partie des textes auxquels ils font référence, celle qui les arrange. Smith admet que ses théories s’appliquent à l’activité artisanale de son époque , alors qu’il dénonce déjà les ententes entre industriels qui tendent à la création de monopoles qui sont l’anti-thèse de l’économie de marché. Ces monopoles n’ont qu’un but , s’approprier les lois du marché à leur seul profit, pour lui, ce n’est donc pas l’Etat qui menace le plus l’économie de marché mais les grands industriels dont la puissance contourne les règles.
Les Arcelor Mittal , les Nestlé, les Coca Cola, Les Bouygues, Les Dassault , Les L’Oréal, Les Wall Mart , Les Siemens, Les Microsoft sont les plaies de notre organisation actuelle qui ont conquit le droit d’échapper au dictât de la concurrence. Wall Mart vient juste de prendre le contrôle du plus grand distributeur du Chili, où il va très certainement imposer dorénavant sa puissance exterminatrice sur l’économie locale.
Tant que les monstres multinationaux surferont sur l’ambiguité de l’essence libérale de leur démarche les pas de la démocratie seront sabotés et les plans de réintroduction d’un véritable libéralisme de solidarité seront voués à l’échec. Accaparation des mythes, bases religieuses, ordonnancement déiste de l’économie toute la vague économique actuelle repose sur une mythologie surnaturelle , sur une usurpation des rites traditionnels. Le cadeau devient la raison du resserrement ciblé des cercles familiaux ou d’amitié et non plus l’inverse, les marques mondialement connues recréant une relation clanique avec l’emblème et le logo pour seuls signes tangibles d’appartenance.
C’est à ce subterfuge permanent reposant sur l’utilisation des méthodes religieuses que le capitalisme a su convertir la pensée occidentale chrétienne en décomposition, en une foire traditionnaliste, en un marché aux sentiments, en une déification de la cupidité, en une grand messe vouée au rachat des péchés humains. C’est à l’anéantissement de toute forme de concurrence, à une concentration totale et planétaire que quelques enseignes doivent d’avoir su recréer le schéma des religions monothéistes.
qm